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Cathédrale d'Angers Construction d'un ouvrage de protection du portail occidental

Depuis les lointains, on aperçoit les tours et leurs flèches, depuis la Maine et la montée Saint-Maurice, sa façade occidentale, depuis les rues adjacentes et son parvis, ses volumes forment un monument unique où pierre blanche et ardoise grise jouent avec la lumière et l’ombre. En ce sens, choisir une forme comme un matériau ne peut être un choix dogmatique, c’est toujours le fruit d’une situation, d’un contexte, d’une recherche. L’ouvrage doit tout à la fois se confronter à la verticalité de la façade ; former seuil et rétablir la continuité de sol intra-extra-muros ; former porche pour abriter ; protéger le portail avec ses sculptures et leur polychromie ; être le lieu de la contemplation de la statuaire et de l’accueil des visiteurs comme des fidèles à l’intérieur de la cathédrale. D'une création contemporaine devant la façade occidentale de la cathédrale, l’emprise volumétrique proposée réinterprète le dessin du portail. En volume, le gabarit proposé rétablit un rapport d’échelle simple et cohérent avec la cathédrale. En élévation, la construction arrive à hauteur du larmier situé sous le grand vitrail occidental. Ainsi, la conservation de l’épure du portail permet une inscription sensible et mesurée du projet dans le paysage urbain.

Les dispositions spatiales et architecturales – À l'avant du portail, le projet compose avec la monumentalité d'ensemble de la façade occidentale, et constitue son premier niveau de perception architectonique. Basé sur les proportions dites « ad quadratum », système géométrique de composition basé sur le carré – la terre – l’ouvrage contemporain s’inscrit dans la continuité de la cathédrale. Son plan, sa façade et son motif se basent sur sa composition et la révèlent. Symboliquement, le projet assure les mêmes fonctions d'avant nef qu'un narthex : il fait le lien et assure la transition entre l'extérieur et l'intérieur, entre le profane et le sacré. Par ses proportions, l’extension proposée permet d'accentuer la perspective de la statuaire polychrome. Il donne le recul nécessaire pour que le visiteur puisse voir le portail dans son ensemble. En vision proche ou lointaine, le projet propose une ouverture généreuse vers le parvis, depuis lequel le visiteur peut admirer le portail dans sa globalité. Le volume architectural reprend la même géométrie que le portail, pour éviter toute concurrence et permettre sa découverte à la vue et à la compréhension de tous. En plan, la construction s’insère dans le volume de l’ancienne galerie disparue. Présent uniquement sur un tiers de la surface de celle-ci, l’ouvrage laisse visible les traces des anciennes voûtes angevines. Ces fragments physiques du passé, témoignages d’un édifice aujourd’hui disparu, s’offrent au regard des passants. Ainsi, depuis la ville, l’histoire se lit. Cette emprise réduite du projet par rapport au gabarit maximum proposé permet également de limiter au strict minimum les points de contact avec les façades existantes de la cathédrale. Dans sa conception intérieure, comme extérieure, le projet participe à la mise en valeur de la polychromie et de la statuaire. Entre le parvis et la nef, l'intérieur et l'extérieur sont marqués par deux traitements opposés. L'enveloppe extérieure est sombre, emprunte à au schiste. A l'intérieur, la clarté et la blancheur des feuilles d'albâtre canalisent le regard de l’observateur vers les sculptures polychromes retrouvées. Ce nouveau porche contemporain est fermé par deux grilles monumentales sur rails, qui coulissent et s’effacent dans les murs au gré des usages de la cathédrale. Les grilles ouvertes, l’observateur et le pèlerin sont accueillis dans un volume blanc, légèrement nuageux. Une fois les grilles fermées, les motifs « ad quadratum » de celles-ci scandent la lumière émanant du volume. Le curieux y glissera son regard afin d’entrevoir, une fois la nuit tombée, le joyau de nouveau protégé. Le projet offre une nouvelle protection au portail de la cathédrale. La statuaire est ainsi abritée du vent, de la pluie et du soleil. Les coques de BFUP percées d’une multitude de cercles assurent une ventilation de l’intérieur du volume. Couplé à un système d’aération naturel en plinthe et au faîtage, le volume reproduit les rapports de plein et de vide, de ventilation, de l’ancienne galerie. La forme d’arche brisée favorise également l’inertie climatique, et permet à l’air de circuler, naturellement, sans angle ni recoins, la ventilation du volume étant l’un des enjeux majeurs de la conservation du portail. Ces nombreuses ouvertures restent petites afin d’empêcher la colonisation des nuisibles tant à l’intérieur qu’à l’extérieur : des surfaces courbes, des perforations inférieures à 3 cm sur la coque extérieure les empêchent de pénétrer dans le volume intérieur.

Programme

Architecture / Patrimoine

Maîtrise d'ouvrage

l'OPPIC

Maîtrise d'œuvre

Philippe Prost / AAPP, architecte mandataire

Équipe de maîtrise d'œuvre

FL ingénierie, économiste, C&E ingénierie, BET structure, Inex, BET fluides, SSI, 8'18'', éclairage

Type de mission

Construction neuve sur établissement Monument historique

Surface

25,11 x 9,35 x 10,96 m

Coût

2 M€ HT

Photographe(s)

Jean-François Marcheguet, Didier Ghislain