À partir de mon parcours de chercheur sur l’architecture militaire, la recherche pris pied au sein de l’atelier et s’y développa, notamment avec et autour du Mémorial International de Notre-Dame-de-Lorette qui posait de nombreuses questions techniques et architecturales, s’agissant de construction et de pérennité, puis avec le projet pour la Cité des électriciens nécessitant des recherches en termes énergétiques et environnementaux, accompagnés par EDF, mais aussi sur la question du recyclage et de l’emploi de matériaux bio-sourcés.
Le territoire du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, protégé au titre du patrimoine mondial en tant que « patrimoine culturel évolutif et vivant » est devenu aujourd’hui un espace de recherche et d’expériences architecturales croisées pour notre atelier, une recherche soutenue par la Caisse des Dépôts et partagée par l’IPRAUS, l’ensa-Paris-Belleville et l’ensap-Lille. La recherche-développement est indispensable à l’ambition d’excellence, elle nourrit les questionnements tant constructifs qu’environnementaux développés au fil des projets et des réalisations. À tel point que depuis 2018 a été mis en place un pôle recherche sous la direction de Lucas Monsaingeon, doctorant au sein de l’EUR Humanités, Créations, Patrimoine, laboratoires MRTE (université Cergy Paris) et LéaV (Ensa Versailles).
L’architecture ou l’art de transformer le réel
L’intervention sur l’existant démontre, s’il était besoin, à quel point il est important de considérer l’architecture comme un tout. Le patrimoine ne saurait être ni un alibi ni un faire-valoir pour l’architecture contemporaine pas plus que l’architecture contemporaine ne saurait être l’argument de l’effacement de l’existant.
La transformation est un acte de foi en l’avenir, en la possibilité d’une création architecturale, urbaine et paysagère unique parce que partant d’un substrat spécifique, mémoire matérielle et mémoire immatérielle des lieux formant l’ADN du projet comme du renouvellement du site.
Tisser des liens
Au final, il s’agit encore et toujours de tisser des liens, à toutes les échelles, entre toutes les époques, entre tous les auteurs et tous les interprètes de ces projets comme des situations bâties.
Trois mots choisis en 2012 pour expliciter mon point de vue afin de proposer aux étudiants à l’ensa-Paris-Belleville une approche de l’architecture au sein de mon studio de projet.
Mémoire, contexte et création
À l’instantanéité, dans laquelle nous sommes contraints de vivre, chaque jour un peu plus, je préfère la mémoire c’est-à-dire un autre rapport au temps :
la mémoire des lieux, les traces – humaines, animales, végétales – laissées par de multiples occupations, les marques bâties des usages successifs mais aussi la mémoire des architectes, les souvenirs accumulées par celles et ceux qui vécurent ces espaces.
À la virtualité, à laquelle nous nous trouvons sans cesse et sans répit confrontés, je préfère le contexte, c’est-à-dire le rapport au réel :
le support physique, naturel ou construit, géologique et architectural mais aussi l’histoire, l’économie et le social.
À la répétitivité, je préfère la création, c’est-à-dire une forme de diversité infinie :
celle des lieux, des cultures, des êtres humains, tous uniques ; en un mot la sensibilité, la créativité humaine, face aux algorithmes de l’intelligence artificielle.
Au final, ces trois mots sont là pour dire une réaction à la globalisation en cours de l’architecture, à une globalisation qui rime avec uniformisation, pour prôner une approche différente, tracer une autre voie, pour ouvrir de nouvelles perspectives, qui passent par l’imagination, provoquent l’étonnement et offrent la beauté.